Le point sur le système actuel
Le système de retraite actuel repose sur un principe de répartition, les cotisations versées par les actifs financent directement les pensions des retraités. Tous les salariés, qu’ils travaillent dans l’industrie, le commerce ou les services cotisent obligatoirement au régime général (le régime de base) ainsi qu’à un ou deux régimes complémentaires (l’ARRCO, et l’AGIRC pour les cadres).
Tous les autres travailleurs, qu’il s’agisse des fonctionnaires, des libéraux ou encore des indépendants, sont affiliés à d’autres régimes de retraite. Et pour cause, notre système en compte 42 différents, chacun comprenant des modalités très variées.
Seulement voilà, ce système de retraite a été créé il y a plus de 70 ans. Les réalités socio-économiques ont bien évoluées depuis. Avec un chômage plus important mais aussi une espérance de vie plus longue, les cotisations ne suffisent plus à assurer les pensions des plus de 16 millions de retraités, qui représentent tout de même près de 25% de la population française.
D’où la nécessité d’une réforme
Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, la réforme des retraites reste un projet semé d’embûches. Les manifestations et mouvements sociaux engendrés par les tentatives passées en attestent. Il s’est engagé à créer un régime de retraite « universel », un système par points où « 1 euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé, quel que soit le statut de celui qui a cotisé ». Ce régime qui ne devrait toucher ni à l’âge de la retraite, ni au niveau des pensions doit être mis en place en 2025.
La volonté du gouvernement est d’offrir un système plus transparent et plus équitable s’appuyant sur la « solidarité intergénérationnelle ». Ce système simplifié permettrait aux Français d’être mieux protégés tout en accompagnant leurs mobilités professionnelles, d’un statut à l’autre. Le but est de répondre aux problématiques d’inégalités perpétrées par les 42 régimes. Il s’agit d’une adaptation nécessaire aux évolutions de la société et des parcours professionnels, avec notamment l’explosion de l’entrepreneuriat. Par ailleurs, de nombreux dispositifs de solidarité vont être évalués en vue d’être repensés afin d’être pérennisés et équilibrés.
Les changements 2019
En 2019, certains changement ont déjà été mis en place pour progresser vers la réforme. Tout d’abord, les régimes de retraite complémentaire des salariés du secteur privé (l’AGIRC et l’ARRCO) ont été fusionnés. Nous l’avons mentionné, les points de retraite gagnés chaque année auront la même valeur, quel que soit le statut. Les règles sont donc alignées sur celles de l’ARRCO.
La pension de réversion, qui correspond à la part de pension retraite du défunt versée à son conjoint, sera versée à partir de 55 ans pour tous les salariés. Elle était jusqu’alors versée à partir de 60 ans pour les cadres cotisant à l’AGIRC.
Les cotisations retraite des salariés du privé augmentent. En effet, le taux d’appel est actuellement de 125%. Cela signifie que le régime de retraite prélève 25% de plus que la cotisation retraite due par le salarié. Ces 25% sont uniquement destinés à redresser les comptes du régime. Ce taux est passé à 127% au mois de janvier. Avec la fusion de l’AGIRC et de l’ARRCO, les salariés cotisent désormais de la même façon et les cotisations ne dépendent plus que du salaire.
Pour les français nés à partir de 1957, un système de bonus / malus a été mis en place afin d’inciter les salariés à travailler plus longtemps, une fois la durée de cotisation et l’âge légal atteints. Un salarié qui prendra sa retraite à l’âge légal (62 ans) se verra appliquer un malus de 10% par an sur une durée de 3 ans. En revanche, s’il travaille jusqu’à 63 ans, il touchera sa pension complète. Enfin, s’il décale sa retraite de 2 ans, il bénéficiera d’un bonus de 10%. Ce bonus pourra monter à 20% s’il travaille 3 ans de plus, et jusqu’à 30% pour 4 ans de plus.
La loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) a prévu une revalorisation de 0,3% des pensions retraite pour 2019. Suite aux réclamations des « gilets jaunes », les retraités touchant moins de 2000 euros par mois (3000 pour un couple) sont exemptés de la hausse du CSG qui s’élèvent à 1,7 point. La mesure sera appliquée en juillet avec effet rétroactif à janvier 2019.
Enfin, la loi Pacte a été adoptée ce printemps. Son but est la simplification de l’épargne retraite. Ses implications méritant plus de détails, nous y consacrerons un article complet dans quelques temps.
S’il y a bien une chose à retenir de la réforme des retraites, c’est que l’on tend vers un système universel dans lequel un euro cotisé donne les même droits à tous, peu importe le statut du cotisant. Toutefois, les taux de cotisations pourraient être amenés à varier. On peut prendre l’exemple d’un indépendant qui ferait le choix de cotiser moins qu’un salarié. Cela voudrait dire qu’il percevrait donc une pension moindre. Nous devrions bientôt avoir plus d’informations sur cette réforme tant attendue.